A mort les jeunes comme les vieux. Il paraît que je deviens intolérant. Je regarde autour de moi, faut dire, je choisis mes lieux, et je me rends compte que je suis perdu, esseulé, au milieu des gens à l’oreille cyber.
Oui, j’ai 25 ans, un téléphone portable, comme j’ai internet en "ultra méga supra haut débit", comme j’ai un petit objet bien pratique pour écouter tous mes mp3 quand je prends le train (merci la SNCF, honte sur Raffarin). Non, je ne suis pas microondophobe même si je ne trouverai jamais que le résultat soit bon : ça permet de chauffer l’eau, quoi. Et oui, je suis perdu.
Je prends le train au milieu d’un concert de sonneries. Je fais remarquer à ma voisine, charmante au demeurant (comme au demeuré), que ce n’est guère le lieu, petit panneau à l’appui. Elle me répond sérieusement qu’elle n’appelle pas mais qu’elle choisit sa sonnerie, ou qu’elle joue (à 0.2 € la communication sur un serveur quelconque). Je pouffe, j’ai du mal à comprendre.
Je mange à côté de lycéens en seconde qui se racontent leurs exploits sexuels, les positions, les filles d’un soir, est-ce qu’elle avale, j’ai pris des photos, une dans mon portefeuille, attends je la cherche, mince je ne la trouve plus... je me raisonne, je me dis que de tout temps, ces petits cons affabulateurs ont toujours existé, que c’est juste que je ne les côtoyais pas, que cela ne remet pas en cause une génération entière.
Je m’assois et j’ouvre mes oreilles dans le tram. Deux djeunez discutent de leur futur pseudo sur icq. L’un des deux demande à l’autre ce que veut dire "dick" en anglais... tout n’est pas perdu ? Ils ont 16 ans, tout de même, laissons les profiter de leur innocence. Black Dick, ça le fait, propose son pote. Non ! Bl@ck Dick, oh oui, ça en jette. Yeah, c’est trop cool. Bl@ck Dick... Je m’éloigne sans les détromper. C’est bon la honte.
Je m’inquiète. Je m’inquiète du métro parisien qui vend aux enfants une écriture sms qui serait cool. Je m’inquiète que plus personne ne se soucie d’écrire une phrase en français. Ou en anglais d’ailleurs, je ne suis pas académicien. La défaite "culturelle" m’importe moins que la défaite générale de l’intelligence. De nouveaux moyens, de nouveaux outils, de nouveaux fossés. De nouvelles dépendances. Rien de nouveau en somme.
Excuse moi mais ne parlerais tu pas comme un vieux.
Nos parents parlaient de nous dans les même terme et pourtant le monde tourne toujours. Darwin que je sache a pourtnat expliqué le phénomène. Inutile de freiner des 2 pied tu n’arrêteras rien. Mais cependant tu peux apporter un équilibre. Attends encore quelques années on nous appellera "vieux con" ou le terme qui fera "in" (dans le coup, trop fun, top délire) a cette époque la.
Pas si sûr que ce soit si simple... Le monde change, et pas forcément dans le bon sens. "Et ce n’est pas être vieux con que de dire cela". Les droitistes de tout poil saccagent tout sur leur passage, croyons nous que cela ne changera rien ? Nous sommes d’une génération sans idéaux, je n’ai jamais trouvé ça vieux con qu’on me le dise : je suis obligé de me motiver pour aller voter, je vis mes compromissions sans jamais aller au bout de la révolte, j’aimerais bien retrouver ce goût de l’action, plutôt que de la parlotte.
En place de quoi, j’écris sur Internet des mots que tu lis : est-ce que ça change quelque chose ? Non. De l’action, je passe à l’écriture, y’a un sacré fossé. Mais une fois qu’on ne saura plus écrire du tout, on fera quoi ? Les profs ne sont pas formés, on met de moins en moins de moyen dans l’éducation, oui : le darwinisme ne devrait pas nous pousser à l’intelligence... c’est clair que c’est pas l’intelligence ou l’humanité qui assurent aujourd’hui la survie...